samedi 28 mai 2011

Black Swan

Quand j'ai vu que Black Swan, un film de ballet, était reconnu comme le meilleur film de l'année 2010 par Camille Espresso, un fan incontesté de films d'horreur classiques et modernes, je me suis résigné à l'écouter. Et je n'ai pas été déçue. 

Une ballerine perfectionniste auditionne pour le rôle de la reine des cygnes dans le ballet de Tchaikovsky et vit une dualité entre le cygne blanc, virginal et pur, et le cygne noir, passionné et destructeur. Son voyage d'un pôle à l'autre lui fera perdre la raison.
Nina, interprétée de façon sublime par Natalie Portman, est une jeune ballerine qui vit avec sa mère, qui se dévoue tout entière pour la carrière de sa fille. L'ouverture présente la jeune femme qui rêve qu'elle interprète le rôle principal du Lac des Cygnes. On la voit au réveil, dans sa chambre, qui ne semble pas avoir changée depuis son enfance. On comprend rapidement que sa relation avec sa mère n'est pas très saine, cette dernière la traite encore comme une enfant. 

Le chorégaphe de la compagnie de danse, joué avec brio par Vincent Cassel, croit que Nina est toute indiquée pour jouer le cygne blanc, elle danse à la perfection et représente la pureté et la grâce, mais son jeu n'est pas empreint d'émotion, elle ne se laisse pas aller vers la séduction. Il l'incite donc à explorer sa sexualité, elle qu'on croit vierge, pour développer son potentiel.

Dès le début du film, on voit que Natalie Portman aperçoit son double, qui va la suivre tout au long du récit. Plus tard, le personnage de Mila Kunis fera son entrée en scène et son image sera plusieurs fois confondues avec l'image du double. Lily représente le côté sombre de Nina, son côté libre et insousciante. Le thème de la dualité entre le noir et le blanc, la pureté et la passion, exprimée par la facture visuelle de ce film brillant, est au coeur de l'histoire. Nina a de plus en plus fréquentes hallucinations où elle se voit s'auto-mutiler ou s'adonner à des plaisirs charnels. Sa déchéance psychologique est habilement démontrée.

Le jeu de Natalie Portman mérite mention, elle qui a remporté de nombreux prix pour ce rôle, notamment l'Oscar et le Golden Globe de la meilleure actrice. Son personnage n'est pas facile à camper, mais elle réussit à nous faire oublier qu'elle est une actrice et on ressent vivement ses émotions. Elle se transforme littéralement sous nos yeux, nous fait sentir son désespoir et la violence qui fait rage derrière le masque de la perfection. Son jeu est intense mais nuancé et tout en finesse. 

La réalisation est tout à fait sublime, les effets spéciaux subtils présentés par des mouvements fluides de caméra, les couleurs et l'éclairage ajoutent au jeu sans faille des acteurs pour nous immerger dans cette histoire sombre, allant de thriller psychologique aux marges de l'horreur.

Darren Aronofsky, qui nous a présenté le bouleversant Requiem for a Dream, nous brosse un tableau dérangeant du côté sombre de l'art, qui n'est pas sans rappeler son touchant The Wrestler. La comparaison est facile, les deux protagonistes subissent les contrecoups de l'exigeant travail qu'ils s'imposent et la déchéance qu'ils vivent en se démenant pour leur passion. 

Je recommande ce film, malgré qu'il soit parfois lent, le développement psychologique nous tient en haleine tout au long et la finale est magnifique.







Aucun commentaire: